La manométrie pour diagnostiquer l’Achalasie
La manométrie est utilisée lorsqu’une dysphagie forte n’est pas expliquée par un examen endoscopique (exploration de l’œsophage et de l’estomac par fibroscopie) Cet examen endoscopique doit vérifier si il y a présence d’un corps obstruant (dû à une pathologie obstructive ou à un corps étranger). Dans le cas de l’Achalasie, l’endoscopie ne révèle pas d’obstruction, il faut donc examiner le patient via la manométrie.
Déroulement de la manométrie haut définition
Se préparer pour la manométrie haute définition
La manométrie se déroule généralement le matin car le patient doit être à jeun depuis au moins trois heures lors de l’examen. Si vous souffrez d’une forte dysphagie, je vous conseille d’être à jeun depuis plus longtemps. En effet des aliments peuvent rester plus de 24h dans votre œsophage et rendre le test plus désagréable qu’il ne l’est déjà. C’est ce qui m’est arrivé.
Lors de la manométrie, une sonde est insérée dans l’œsophage du patient en passant par une narine. Les cavités nasales n’ont pas toutes la même largeur, ainsi certains patients disent clairement que la manométrie n’est pas douloureuse alors que d’autres ont trouvé ces premières secondes atroces. Cependant, une fois les premiers centimètres de la sonde passés, le pire est passé.
Ce que doit faire le patient pendant la manométrie
Une fois la sonde complétement insérée jusqu’à la JOG (Jonction gastro-œsophagienne) le test peut commencer. La sonde va enregistrer l’onde de contraction qui se déplace le long de l’œsophage lorsque le patient déglutit. Il sera donc demandé au patient de déglutir à plusieurs reprises. Celui-ci a une sonde passant de sa cavité nasale à sa gorge, il va donc ressentir cette présence lors de la déglutition. Ceci est indolore mais surprenant (en tout cas, ce fut le cas pour moi, et je n’ai pas entendu de patients indiquer que cela été douloureux). Le patient doit simplement rester droit et déglutir lorsque cela lui est demandé. Ce test peut être inconfortable mais il est demandé au patient de tenir le coup le temps que suffisamment de données soient acquises.
La sonde est retirée lorsque le médecin menant le test considère que les données sont suffisantes et permettent un diagnostic clair. Cela ne devrait pas prendre plus de 5 minutes. Il est possible qu’à la suite du test, la cavité nasale par laquelle la sonde est passée saigne légèrement. Dans ce cas, le patient ne doit pas se moucher trop intensément dans les 24h qui suivent pour permettre à la blessure de cicatriser.
La différence entre la manométrie moderne (haute définition) et l’ancienne méthode
La manométrie précédemment utilisée permettait l’enregistrement du passage de l’onde de contraction sur une courte distance. Ainsi, pour contrôler l’œsophage dans toute sa longueur, de nombreuses mesures devaient être faites. Voici comment le test se déroulait :
- Le médecin pousse la sonde jusqu’à la gorge
- Il demande au patient de déglutir
- La sonde enregistre la pression qui se déplace dans la partie la plus haute de l’œsophage
- Le médecin pousse la sonde un peu plus loin
- Il demande au patient de déglutir
- La sonde enregistre la pression qui se déplace quelques centimètres plus bas
- Et ainsi de suite jusqu’au bas de l’œsophage
La manométrie haute définition utilise une sonde pouvant enregistrer les contractions de l’œsophage sur toute la longueur de celui-ci en une seule déglutition. Ainsi en quelques déglutitions, des données sur l’ensemble de l’œsophage sont récoltées à plusieurs reprises. Le test est moins long et moins fatiguant. Il est également beaucoup plus facilement lisible pour le médecin.
La manométrie haute définition est aujourd’hui standard et je ne pense pas que beaucoup de médecins pratiquent l’ancienne manométrie actuellement.
Comprendre les résultats d’une manométrie
L’exemple de l’œsophage sain
La fig.1 montre le résultat d’une manométrie pour une œsophage sain. Voici les éléments permettant de comprendre cette image :
- Les couleurs représentent la pression ressentie par la sonde. Plus la couleur est chaude, plus la pression est forte (bleu = pression faible ou nulle, rouge = grande pression)
- Lorsqu’on se déplace de gauche à droite sur l’image, on avance dans le temps (axe des abscisses = temps)
- La « bande verte » du haut représente la pression dans la gorge
- La « bande verte » du bas représente la pression dans la JOG (jonction gastro-œsophagienne)
- Entre les deux, il s’agit de la pression dans le reste de l’œsophage
Vous pouvez maintenant comprendre le sens de cette « tache multicolore » au milieu de l’image. Il s’agit de la représentation de l’onde de contraction se déplaçant le long de l’œsophage et dans le temps. L’onde de pression descend assez lentement. Et pendant que cette onde de pression descend, vous pouvez constater que la pression est très faible au niveau de la JOG (couleur bleu-verte). Il s’agit de la pression de relaxation intégrée (PRI) qui permet l’ouverture du sphincter bas de l’œsophage et le passage des aliments dans l’estomac.
Classification de Chicago : la grille de lecture de la manométrie
La figure 2 montre la logique du diagnostic en fonction des résultats de la manométrie. C’est la première ligne qui nous intéresse ici, dans le cas de l’achalasie. IRP > LNU signifie que la pression de la relaxation intégrée (PRI) est supérieure la limite supérieure de la norme (œsophage sain). Autrement dit, celui signifie que la pression dans la JOG n’est ni nulle et ni faible, donc qu’elle est assez forte pour empêcher le passage normale des aliments. Si la manométrie montre cela et des spasmes ou une absence totale de péristaltisme, le diagnostic de l’achalasie est posée.
La manométrie permet aussi de différencier les types d’achalasie
La figure 3 montre clairement les résultats possibles de la manométrie pour les patients atteints d’achalasie. On peut également se rendre compte que les trois types d’Achalasie ont vraiment une réponse différente à ce test.
J’aborde plus en détail comment la manométrie haute définition permet de différencier les types d’achalasie dans l’article « Les différentes types d’Achalasie ». Je vous en conseille la lecture.
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A propos de l’auteur
Je suis Damien Marin (profil LinkedIn & page Facebook), l’auteur de l’Homme d’Achalasie et de ce site. Je choisi de créer ces pages pour informer du mieux qu’il m’est possible les personnes suspectant d’être atteintes d’Achalasie, les malades de l’Achalasie et leurs proches. Chef de projet Digital de formation, je mets mes compétences dans le web au service de ce beau projet. Durant votre lecture du site, gardez à l’esprit que je ne suis pas médecin et que vous ne devez pas prendre de décision regardant votre santé en vous appuyant sur les informations trouvées ici. Vous pouvez en revanche alerter les professionnels de santé grâce à ces informations.
Je souhaite à chaque malade de l’Achalasie et d’autres maladies orphelines de sortir de l’isolement que la maladie l’oblige à vivre, c’est pour cette raison que j’ai créé ce site et que j’ai écrit mon roman. Bonne lecture.
2 commentaires
Alexandre Goumaz
opéré Achalasie type 2
rio
bonjour a vous,
merci pour cet article qui nous donne beaucoup d informations quant à la maladie et ses specificitées …
Je dois passé la manometrie dans une semaine pour suspicion d Achalasie …car dysphagie trainante depuis a peu pres 1 année ..par intermintence au debut ..zt de plus en plus presante dans ma vie …d ailleurs je n ai pu avaler que quelques bouchées ce midi …
Je vous remercie donc pour tous ces details precieux et vous souhaite une belle vie malgré cette gene invahissante …
Alexandra.